Communiqués, Province Sainte Famille 18/04/2020
Actes 2,42-47
Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24
1 P 1,3-9
Jn 20,19-31
« La paix soit avec vous !».
Frères et sœurs, aujourd’hui, avec vous, j’accueille une parole de Jésus qui est un cadeau considérable en cette période du confinement due au Coronavirus, une parole que nous avons entendu dans l’évangile : « la paix soit avec vous ! » (Jn 20,19). Laissez Jésus dire au fond de votre cœur : « La paix soit avec vous ! ». Savez-vous où se trouve ce passage ? C’est dans un chapitre de l’évangile de Saint Jean où le Christ ressuscité, qui apparait à ses disciples enfermés dans un Cénacle obscur, apporte la lumière de la miséricorde divine et leur confie le ministère de la réconciliation en disant : « Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20, 21-23).
Chers frères, Jésus est allé chercher ses disciples, comme il vient toujours à notre recherche dans l’obscurité de notre vie, dans les vallées de nos ombres, dans les tempêtes et les orages qui s’abattent sur notre vie, et même dans le tourbillon de la pandémie du Coronavirus, il vient nous chercher. Et quand il nous trouve, il nous offre d’abord sa paix. Puis il nous montre ses mains et son côté. C’est-à-dire qu’il nous montre les blessures de sa Passion, en particulier la blessure du cœur, ce cœur transpercé par la lance mais d’où jaillit l’océan de la miséricorde qui se déverse sur l’humanité. De ce cœur, Sœur Faustine Kowalska verra sortir deux rayons de lumière qui illuminent le monde. "Les deux rayons, lui expliqua un jour Jésus lui-même, représentent le sang et l'eau" (Faustine, Petit Journal, 47).
Laissons Jésus nous montrer ses blessures. Et ses blessures, que sont-elles aujourd’hui ? Un jour, lors de son voyage apostolique en Colombie, le 7 septembre 2017, le Pape François invitait les évêques à ne pas avoir peur de « toucher » la chair blessée du Christ. En parlant ainsi il invitait ces Pasteurs à être sensible aux souffrances du Peuple de Dieu qui est son corps (voir Tertullien, La chair du Christ, Cerf, 1975). Oui, Jésus souffre à travers la souffrance de l’Eglise, il souffre à travers la souffrance des pauvres. En méditant avec vous cet évangile, je pense aux grandes souffrances que les Rwandais ont vécues et qui marquent encore leurs cœurs aujourd’hui surtout en ce mois d’avril.
De la blessure du cœur sortent le sang et l’eau ! La pensée s'envole vers le témoignage de l'évangéliste Jean, qui, lorsqu'un soldat sur le Calvaire frappa de sa lance le côté du Christ, en vit sortir "du sang et de l'eau" (cf. Jn 19, 34). Et si le sang évoque le sacrifice de la croix et le don eucharistique, l'eau, dans la symbolique de Jean, rappelle non seulement le Baptême, mais également le don de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 5; 4, 14; 7, 37-39). Notre Seigneur Jésus Christ dira à Sainte Faustine que « l’eau justifie les âmes tandis que le sang est la vie des âmes. Ces deux rayons ont jailli des entrailles de ma miséricorde lorsque mon cœur, agonisant sur la croix, a été ouvert par la lance » ( Petit Journal, 299).
A travers le cœur du Christ crucifié, la miséricorde divine atteint les hommes. Cette miséricorde, le Christ la diffuse sur l'humanité à travers l'envoi de l'Esprit qui, dans la Trinité, est la Personne-Amour. Et la miséricorde n'est-elle pas le "second nom" de l'amour (cf. Jean-Paul II, Dives in misericordia, n. 7), saisi dans son aspect le plus profond et le plus tendre, dans son aptitude à se charger de chaque besoin, en particulier dans son immense capacité de pardon ?
Aujourd'hui, célébrer la miséricorde divine est une occasion de reproposer à l’Eglise et à toute l’humanité la vie et la vie et le témoignage de Soeur Faustyna Kowalska. Cette humble fille de la Pologne est un véritable exemple pour l’homme de notre temps. C'est, en effet, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale que le Christ lui a confié son message de miséricorde. Dans l’une de ces révélations, Jésus lui a dit : "L'humanité n'aura de paix que lorsqu'elle s'adressera avec confiance à la Divine Miséricorde" (Petit Journal, 300). Ce message de Jésus nous aide à revivre plus intensément l'Evangile de Pâques, pour l'offrir comme un rayon de lumière aux hommes et aux femmes de notre temps.
Quelle est l’avenir de l’humanité sans la miséricorde divine ? L’expansion du Coronavirus de la Chine au monde entier nous prouve qu'à côté de nouveaux progrès scientifiques mondiaux, ne manqueront pas, malheureusement, les expériences douloureuses. Mais seule la lumière de la miséricorde divine illuminera le chemin des hommes d’aujourd’hui. Comme les Apôtres rassemblés au Cénacle autrefois, il est toutefois nécessaire que nous accueillions nous aussi dans la réalité de notre vie le Christ ressuscité, qui nous montre ses blessures et nous dit : Paix à vous ! Il faut que nous nous laissions atteindre et toucher par l'Esprit que le Christ ressuscité nous donne. C'est l'Esprit qui guérit nos blessures intérieures causées par les vicissitudes de notre histoire, les blessures de la guerre, de la pauvreté, de l’injustice et de la peur. C’est l’Esprit qui abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, riche ou pauvre, blanc ou noir, congolais, rwandais ou polonais ; c’est l’Esprit qui restitue la joie de l'amour du Père et celle de l'unité fraternelle.
Dans la première lecture, la liturgie semble désigner le chemin de la miséricorde qui, tandis qu'elle reconstruit le rapport de chacun avec Dieu, suscite également parmi les hommes de nouveaux rapports de solidarité fraternelle : « Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en commun » (Ac 2,44). La miséricorde constitue ainsi un pont entre les hommes et les peuples. Constituer l’unité entre les hommes est le point de départ d’une mission à "faire miséricorde" aux autres. Recevez l’Esprit Saint et aller pardonner les péchés. La miséricorde que nous recevons de Dieu nous envoie pour être des apôtres de la réconciliation. La miséricorde ne pardonne pas seulement les péchés, elle répond également à toutes les nécessités de l'homme. Comme Jésus s'est incliné devant toute forme de pauvreté humaine, matérielle et spirituelle pour la guérir d’une part et l’éradiquer de l’autre part, de même il nous envoie pour soulager la souffrance de nos frères.
Que le message de miséricorde continue à nous inspirer des nouvelles formes des actes de miséricorde. Que le Christ ressuscité trouve place dans nos cœurs et dans nos communautés pour nous donner la paix, consoler nos tristesses, et inspirer en nous le zèle de la mission pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
P. Honoré BAHIRE NTIBENDA
Sanctuaire de la miséricorde divine de Kabuga