Communiqués, Province Sainte Famille 12/04/2020
Nous célébrons cette grande fête de Pâques dans un contexte tout particulier, celui du covid-19. Pendant ces derniers temps, près de 99% des voix des médias, des messages des réseaux sociaux, d’appels téléphoniques annoncent de « mauvaises nouvelles » : les tests positifs au Covid -19, les morts (au taux de 24 heures) en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis, en France et ailleurs selon la pondération statistique ; les malades en réanimation, les personnels de santé épuisés, les violences dans les foyers confinés, les affamés. Pour notre cas, les églises sont fermées, nous sommes en confinement… Même en dehors des médias et réseaux sociaux, la vie est marquée par l’incertitude croissante. Ce sont de tristes nouvelles. Aujourd’hui, heureusement, c’est Pâques : la Résurrection de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ : celle-ci, quant à elle, est une bonne nouvelle. « C’est le jour que fit le Seigneur jour de fête et de joie » venons-nous de chanter au psaume du jour (Ps117). C’est le temps du Grand Alleluia…ce mot signifiant « Rendez grâce à Dieu », « dites merci à Dieu ».
Comment accueillir cette bonne nouvelle de Pâques au milieu de mauvaises nouvelles de covid-19? Nous serions tentés d’en réduire le contenu, d’en diminuer l’ampleur ou d’en sous-estimer la valeur. Je vous propose de vivre Pâques 2020 comme une lumière de bougie allumée qui pourtant dissipe un tas de ténèbres, une flamme d’espoir qui chasse le désespoir causé par la Pandémie covid -19.
Prenons pour illustration la figure de Simon Pierre. La Parole de Dieu nous l’a présenté comme témoin vaillant chez Corneille (1ère lecture) et co-athlète en course vers la tombe (Evangile). Il est d’ailleurs très audacieux : le voilà qui entre au tombeau alors que Jean en avait eu peur. Mais ayant suivi tout le Triduum pascal, quelqu’un aurait l’impression qu’il existe deux « Simon Pierre » : celui d’avant et celui d’après la résurrection. Et ici se trouve le nœud de ma méditation. Le Simon Pierre d’avant la résurrection serait celui dont nous avons suivi les interventions le Jeudi et Vendredi Saint: s’opposant aux lavements des pieds (Jeudi), puis reniant son maître par trois fois avant le chant du coq et laissant Jean seul au pied de la croix (Vendredi). Le Simon Pierre d’après, par contre, serait celui qui, dans l’Evangile écoute les cris et les pleurs de Marie Madeleine, lui qui court en même temps que Jean vers le tombeau, et y entre, celui qui change de camp et devient éloquent devant Corneille et toute sa maison (cfr. 1ere lecture) ; c’est le Simon Pierre du Kérygme, qui finalement, mourra pour son Maître. Il deviendra Saint Pierre, à la fois Apôtre et Martyr. Oui, sa figure m’a fort frappé puisque je trouve en lui la rencontre de deux sortes de nouvelles : celle teintée de ténèbres où il veut protéger sa dignité : toi, Seigneur me laver moi, jamais ; et/ou veut sauver sa peau en reniant Jésus : non je ne connais pas ce type. Ce premier côté ressemblerait à toutes les nouvelles que nous recevons sur le covid-19 menaçant notre vie, secouant nos assurances d’avant et mettant en branle notre avenir. Cependant, il y a le deuxième côté advenant après la Résurrection: la rencontre avec Christ Ressuscité fait changer d’option, elle rend témoin, affermis l’homme nouveau, et renforce la foi. Frère et sœur, avec quel côte de Simon Pierre veux-tu célébrer Pâques cette année-ci ? Dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium le Pape François en 2014 écrivait : Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de vendredi saint sans Pâques (EG, 6). Nous avons la capacité de vêtir l’air de Pâques et pas celui de Vendredi Saint.
Pour parler de Pâques, le Catéchisme de l’Eglise Catholique dit : La Résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ, crue et vécue comme vérité centrale par la première communauté chrétienne, transmise comme fondamentale (vérité) par la Tradition, établie par les documents du NT, prêchée comme partie essentielle du mystère pascal en même temps que la Croix : « Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort Il a vaincu la mort, aux morts Il a donné la vie ». CEC, 638 « Nous vous annonçons la Bonne nouvelle..., Dieu a ressuscité Jésus » (Ac 13). Oui, Pâques est vérité culminante, vérité centrale, vérité fondamentale, partie essentielle de notre foi. C’est une bonne nouvelle.
Pierre a personnellement rencontré le ressuscité. Sa vie a complètement changé. Ce ne sont pas les choses qui ont changé mais l’œil par lequel Pierre voit les choses a changé. Il est passé du traitre au disciple fidèle, du renégat au Croyant. Ainsi, nous aussi frères et sœurs, la peur du covid-19, les nouvelles y relatives, l’incertitude du lendemain, la faim, le confinement, sont des nouvelles ; elles sont même nombreuses et de grande ampleur. MAIS la Résurrection du Christ est la nouvelle par excellence qui annonce la victoire du BIEN sur le mal, de la Vie sur la mort, de la Lumière sur les ténèbres, de la Foi sur le doute, de l’Amour sur la haine, de la Paix sur la guerre, de la Joie sur la Détresse, de la Communion sur le confinement. Nous aussi, comme Pierre, allons à la rencontre du ressuscité et tout redeviendra nouveau. Nos ténèbres deviendront plein midi. La nouvelle de joie vaincra les nouvelles de tristesse. Ne dit-on pas que même une fourmi noire, sur une pierre noire dans une nuit très noire, Dieu la voit ? Or dans Evangelii Gaudium le Pape François nous affirme encore que « La résurrection de Jésus n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent » (EG, 276).
Frères et sœurs, Pâques est bonne nouvelle. Qu’elle remporte sur les tristes nouvelles du covid-19. Que Jésus Christ vivant et vainqueur de la mort et du mal, redonne vie, joie et espoir à notre humanité en proie à cette pandémie. Qu’Il donne vie éternelle à ceux qui en sont morts, et soutiennent l’espérance de ceux qui en sont infectés et affectés. A Jésus Seul, honneur et gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Père Jackson Banzubaze,SAC
12.4.2020